Page:Lemaître - Les Contemporains, sér3, 1898.djvu/241

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reconnaissance que je lui dois, j’ai dû m’abstenir de les exprimer comme je les sens, autant pour être fidèle à cette modération qu’il aimait à garder en toutes choses, autant pour ne rien dire ici qui ne dût être dit par tout autre à ma place, que pour ne pas m’exposer à être envahi par une émotion trop poignante qui ne m’aurait pas laissé la liberté et la force de rendre à cette mémoire si chère et encore si présente l’hommage public auquel elle a droit.

Je vous assure que ces simples lignes, à leur place, sont d’un très grand effet.


III

Ce livre nous fait aimer M. Gaston Paris : il nous fait aimer aussi le moyen âge. M. Paris insiste sur ce point, qu’en dépit de la violente rupture de la Renaissance avec nos traditions, le moyen âge, c’est bien nous-mêmes, que c’est bien notre esprit et notre cœur que nous y retrouvons, que les hommes de ces temps anciens sont bien réellement nos pères. C’est surtout de cette démonstration que je lui sais gré. Il nous rend une noblesse, à nous qui n’en avons pas d’autre. Je serais charmé de m’appeler Montmorency : ce serait une joie pour moi d’avoir été déjà glorieux bien loin dans le passé ; mais, si nous ne sommes pas de haute lignée par le sang et le nom, nous sommes du moins, nous les lettrés, d’une grande et vieille race intellectuelle : nous remontons à Téroulde et par