Page:Lemaître - Les Contemporains, sér3, 1898.djvu/253

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davantage dans les autres cas, qu’importe ? Ce n’est ici qu’un fort léger surcroît aux causes d’erreur habituelles. Entrons donc, sans plus de façons, dans le gynécée littéraire choisi et composé par l’ami de Bossuet.


II

Voici la contemporaine de Jeanne d’Arc, l’excellente Christine de Pisan, si digne, si naïve, si pleine de vertu et de prud’homie, qui, raide comme un personnage de vitrail, s’applique, avec le grand sérieux des bonnes âmes du moyen âge, gauchement et gravement, à enserrer la langue balbutiante de son siècle dans la forme du style cicéronien comme dans un heaume lourd et trop large. Les Dits moraux et enseignements utiles et profitables, le Livre des faits et bonnes moeurs du roi Charles V, le Trésor de la Cité des Dames…, les adorables titres et qui fleurent l’antique sapience ! Et quelle joie de lui voir défendre l’honneur des dames contre ce méchant railleur de Jean de Meung ! Si je ne me trompe, nous retrouverons quelque chose de cette honnête candeur chez Madeleine de Scudéry, la vierge sage, d’âme héroïque et d’esprit prolixe. — Voici Marguerite d’Angoulême, très savante, très entortillée, toute fumeuse de la Renaissance, souriante, gaie et bonne à travers tout cela, avec son grand nez sympathique, le nez de son