Page:Lemaître - Les Contemporains, sér3, 1898.djvu/29

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qui a quinze ans, aime exactement de la même façon que Mme de Campvallon, qui en a trente. Qu’importe ? C’est bien l’amour, l’amour des sens, ne vous déplaise, la « Vénus à sa proie attachée ». Et, comme elles aiment, nous les aimons, même folles, même criminelles, et cela est terrible.


IV

Le contraste que forment ces amours fatales et effrénées avec des restes de romanesque innocent et avec un spiritualisme chrétien de plus en plus décidé, ou, si vous voulez, le contraste de certaines peintures de M. Octave Feuillet avec ses intentions, ou bien encore un mélange de réalité quelquefois brutale et de convention souvent insupportable : voilà ce qui rend, à partir de Monsieur de Camors, l’oeuvre de M. Octave Feuillet très curieuse et un peu déconcertante. Je persiste à préférer ses premiers romans, que je trouve plus harmonieux et plus parfaits dans leur genre ; mais quelles combinaisons surprenantes dans les derniers !

Les données de ses romans, réduites à leurs termes essentiels, continuent d’être à peu près les mêmes. Toujours l’histoire de la séduction de l’homme par la femme. Toujours une femme très nerveuse et très énigmatique, et très passionnée ou très perverse. Quelquefois, en face du démon, un ange. Ainsi dans