Page:Lemaître - Les Contemporains, sér3, 1898.djvu/357

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scientifique, certaines habitudes de composition et de langage et le goût des grandes généralisations ; de M. Dumas fils, (chose un peu inattendue), la préoccupation tragique des questions de morale dans les drames de l’amour.

De Flaubert, des Goncourt, de M. Leconte de Lisle et, en général, de tous les écrivains purement « artistes » (si moderne que soit d’ailleurs chez eux le fond de philosophie latente), il ne semble pas que M. Paul Bourget tienne grand’chose, encore qu’il les comprenne merveilleusement.

Mais Stendhal a toutes ses tendresses. Stendhal est sa passion, son vice, et quelquefois son préjugé. Stendhal est le seul écrivain antérieur à la génération de 1850 qu’il ait admis dans sa galerie. Il prononce toujours son nom avec un peu de mystère, comme celui du dieu d’une religion secrète. « Henri Beyle », ce nom prend pour lui la douceur d’un petit nom, — ou l’importance d’un nom sacré et caché, qui n’est révélé qu’aux adeptes. Il dit : « Henri Beyle », comme un moliériste dit : « Poquelin ». Ce culte est ici fort légitime, Stendhal ayant manié avec plus de sûreté, de finesse, de hardiesse et de suite qu’aucun autre écrivain, l’instrument dont s’est servi M. Bourget lui-même pour approfondir les sentiments les plus distingués de sa génération ou pour les faire naître en lui : l’analyse.

Ainsi sommes-nous conduits à noter deux autres caractères de l’esprit de M. Paul Bourget. Ce curieux