Page:Lemaître - Les Contemporains, sér3, 1898.djvu/94

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une au hasard, qui n’est pas une des pires. « La joie de midi glissait et jouait sur le luisant des feuilles, le brillant des fleurs, bourdonnait dans le silence et la chaleur ; et des vols de mouches, tour à tour blanches sur le vert et noires sur le blanc, s’embrouillaient dans l’air ou bien y planaient, les ailes imperceptiblement frémissantes, ainsi que des atomes de bonheur suspendus dans l’atmosphère[1]. » Les défauts sautent aux yeux d’un professeur de rhétorique : l’assonance de joie et de jouait, de fleurs et de chaleur ; ailes se rapportant grammaticalement à vols, si bien que les vols ont des ailes ; dans l’atmosphère faisait double emploi avec dans l’air : l’ambiguïté de la construction qui fait douter si ce sont les vols ou les ailes qui ressemblent à des atomes de bonheur, ainsi que pouvant se rattacher également à l’un ou à l’autre de ces deux mots. Et il me semble bien que, dans la pensée de l’écrivain ainsi que ne se rattache ni à l’un ni à l’autre, mais à mouches, au mépris de la syntaxe. Les amis de MM. de Goncourt diront : Qu’importe si, en dépit des négligences et des incorrections, peut-être même avec leur aide, ils nous ont donné la sensation qu’ils voulaient ? Mais cela justement fait question. Les incorrections, je crois, ne sont jamais nécessaires, et, quant aux autres nouveautés, il faudrait voir. Les phrases ou fragments de phrases que j’ai cités ont sans doute

  1. Madame Gervaisais, p. 16.