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Page:Lemaître - Les Contemporains, sér4, 1897.djvu/132

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Aux historiens : Ne cherchez pas à expliquer les traîtres ; on croirait que vous les excusez. — Vous n’arrêterez pas la Démocratie montante. — Toutes les fois qu’un crime se préparera contre le peuple, ma conscience rugira…

En deux mots, maintenant : « Tout est obscur. Tout est clair. La nature rêve et voit Dieu. Haine au passé. Les rois et les prêtres sont infâmes. Le peuple est sublime. Ô l’enfant ! Ô la femme ! Pardonnons, aimons. Les poètes sont des mages. Toinon, c’est Callirhoé. » Vous n’extrairez rien de plus de Toute la Lyre, — et pas grand’chose de plus des quinze volumes de vers lyriques de l’immense poète.

— Eh bien ! me direz-vous, ne sont-ce pas là de beaux thèmes ? Y a-t-il plus de pensée, puisqu’il vous en faut, chez Lamartine ou Musset ? Et quelle idée vous faites-vous donc de la poésie ?

— Oui, je sais que la poésie n’est que sentiment, couleur et musique, et qu’elle n’a presque pas besoin de pensée. J’en connais qui semble faite de rien, et qui me remplit tout entier. Mais que puis-je contre une impression répétée et persistante ? Non, le bruit énorme, les cymbales retentissantes des vers innombrables de Victor Hugo ne sont point pâture d’âme, — pas assez pour moi du moins. Je dirais volontiers de ses vers : « Ils sont trop ! Ils m’empêchent de sentir sa poésie »… La demi-douzaine d’idées et de sentiments que j’énumérais tout à l’heure, songez