Page:Lemaître - Les Contemporains, sér4, 1897.djvu/163

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

      *       *       *       *       *

Leurs raisons ne m’ont pas persuadé. M. Henry de Lapommeraye m’accuse d’« attaquer furieusement le grand poète », ce qui n’est pas exact, et me démontre que le théâtre de Victor Hugo vaut mieux que je n’ai dit, ce qui n’infirme en rien mes conclusions.

M. Aurélien Scholl, après s’être extasié sur le Dernier jour d’un condamné, qu’il n’a certainement pas relu pour la circonstance, estime que Victor Hugo a droit à des hommages spéciaux pour avoir écrit les Châtiments.

Voilà un bon sentiment, qui s’explique encore à l’heure qu’il est, et qui s’expliquait surtout il y a trente ans. Mais dans cinquante ans, je vous prie ? Les Châtiments paraîtront toujours un fort beau livre, mais non plus beau, j’imagine, que les Contemplations, les Nuits ou les Harmonies. Et d’ailleurs si, dans l’appréciation des œuvres des poètes, il fallait tenir compte de leurs vertus civiques, Lamartine, opposant son corps à l’émeute triomphante et la domptant par sa parole, ferait presque aussi bonne figure, je pense, que Victor Hugo au lendemain du coup d’État.

M. Francisque Sarcey me dit que, s’il est permis d’égaler quelques écrivains à Victor Hugo, celui-ci garde le mérite d’avoir fait une révolution dans la