Page:Lemaître - Les Contemporains, sér4, 1897.djvu/165

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doivent peu de chose ; ceux qui suivront ne lui devront rien. Et il serait étrange, enfin, qu’on imposât à notre âge le nom d’un poète qui est certes de premier ordre, mais qui représente si imparfaitement la tradition du génie français et qui semble presque en dehors.

N’allez pas conclure de là que je lui préfère Béranger.

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Ce qui me désole en tout ceci, c’est que j’ai beau faire, j’ai l’air de respecter médiocrement une grande mémoire. Et pourtant qu’est-ce que je prétends ? Je confesse, pour la vingtième fois, que Victor Hugo est un des cinq ou six grands génies littéraires de ce siècle. Que ceux qu’il fascine particulièrement le mettent au-dessus des autres, voilà qui va bien. Je fais seulement observer que cette suprématie n’est ni démontrée ni démontrable, et je demande que le culte de Victor Hugo reste une affaire de dévotion personnelle. Rien de plus. Puisque sa chance l’a conduit au Panthéon — dans son hypocrite corbillard des pauvres — qu’on l’y laisse ! Mais qu’on s’en tienne là, et qu’on ne trouve pas mauvais que nous dressions à quelques autres d’immatériels Panthéons dans nos coeurs.

Au reste, je le sais, à peine aurai-je relu le Cheval, Ibo, Booz endormi ou le Satyre que je serai tout a-