Page:Lemaître - Les Contemporains, sér4, 1897.djvu/174

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La liberté de sa vie n’a été, en bien des cas, qu’une déviation, peut-être excusable, de sa bonté. Elle n’était amante, comme je l’ai dit ailleurs, que pour être mieux amie, et sa destinée était d’être l’amie d’un grand nombre.

Rien, dans tout cela, de la débauche masculine, qui est proprement égoïste et qui ne se soucie point de ses associés. Joignez que la fréquence des aventures de cœur de cette femme magnanime se pourrait expliquer aussi par son romanesque, par le don qu’elle avait de voir les créatures plus belles et plus aimables qu’elles ne sont. Elle suivait la nature, comme on disait au siècle dernier, et sa faculté d’idéalisation lui fournissait des raisons de la suivre souvent. Beaucoup de mes chers contemporains font bien pire, je vous assure. Leur manie d’analyse, leur peur d’être dupes, et peut-être un appauvrissement du sang les ont rendus incapables d’aimer et réduits à la recherche maladive des sensations rares. Pas la moindre trace de névrose chez George Sand. Il y a toujours eu de la santé dans ses erreurs sentimentales.

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On reproche à son œuvre le romanesque ; et le fait est qu’il y en a beaucoup, et de deux sortes : celui de l’action et des personnages, — et celui des idées.