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Page:Lemaître - Les Contemporains, sér4, 1897.djvu/178

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eux, Emma n’aurait pas la candeur de vouloir fuir avec Rodolphe, et elle accepterait l’argent du notaire Tuvache… Nos névrosées trouveraient un grand profit moral dans la lecture de Jacques et de Lélia.

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Que si pourtant le romanesque de George Sand continue à vous déplaire, vous trouverez dans ses chefs-d’œuvre assez de vérité, et beaucoup plus qu’on ne l’a dit. Vérité choisie, comme l’est toujours la vérité exprimée par l’œuvre d’art. Seulement, le choix est ici en sens inverse de celui qui prévaut depuis une vingtaine d’années.

Je ne parle pas de ses jeunes filles si charmantes ; et je ne rappellerai pas qu’elle a fait les analyses les plus fines et les plus fortes du caractère des artistes et des comédiens (Horace, le Beau Laurence, etc.). Mais il ne faudrait pas oublier que George Sand a inventé le roman rustique. La première, je crois, elle a vraiment compris et aimé le paysan, celui qui vit loin de Paris, dans les provinces qui ont gardé l’originalité de leurs mœurs. La première elle a senti ce qu’il y a de grandeur et de poésie dans sa simplicité, dans sa patience, dans sa communion avec la Terre ; elle a goûté les archaïsmes, les lenteurs, les images et la saveur du terroir de sa langue colorée ; elle a été frappée de la profondeur et de