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Page:Lemaître - Les Contemporains, sér4, 1897.djvu/33

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Le paganisme et le christianisme se prouvent réciproquement. » Le pire, c’est que je sens ce malheureux parfaitement incapable de développer ces notes sibyllines. Les « pensées » de Baudelaire ne sont, le plus souvent, qu’une espèce de balbutiement prétentieux et pénible. Une fois, il déclare superbement : « J’ai trouvé la définition du beau, de mon beau à moi. » Et il écrit deux pages pour nous dire qu’il ne conçoit pas la beauté sans mystère ni tristesse ; mais il ne l’explique pas, il ne saurait. On n’imagine pas une tête moins philosophique.

Je ne parle pas de ces maximes d’une perversité si aisée qu’il semble qu’on en fabriquerait comme cela à la douzaine : « Moi, je dis : la volupté unique et suprême de l’amour gît dans la certitude de faire le mal. Et l’homme et la femme savent, de naissance, que dans le mal se trouve toute volupté. » — « Je comprends qu’on déserte une cause pour savoir ce qu’on éprouvera à en servir une autre. » — « Être un homme utile m’a toujours paru quelque chose de bien hideux », etc… Et son catholicisme ! et son dandysme ! et son mépris de la femme ! et son culte de l’artificiel ! Que tout cela nous paraît aujourd’hui indigent et banal ! « La femme est le contraire du dandy. Donc, elle doit faire horreur… La femme est naturelle, c’est-à-dire abominable. — J’ai toujours été étonné qu’on laissât les femmes entrer dans les églises. Quelles conversations peuvent-elles avoir avec Dieu ? La jeune fille, ce qu’elle est en réalité.