Page:Lemaître - Les Contemporains, sér4, 1897.djvu/65

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de Sierra-Leone apprenne comment sa femme, la duchesse de Sierra-Leone, aura vécu et comment elle meurt » (la Vengeance d’une femme). Et, c’est ainsi que M. d’Aurevilly nous terrorise. Mais ce satanisme est un peu celui d’un Croque-mitaine.

Ou bien encore M. d’Aurevilly nous montre, dans des faits inexplicables, l’action directe du diable. Jeanne le Hardouey voit un jour à l’église l’abbé de la Croix-Jugan. La face mutilée du prêtre est horrible. Mais Jeanne est prise pour lui d’un effroyable amour ; et, comme elle ne peut ni dompter sa passion ni l’assouvir, elle se jette dans une mare. Un berger, qui la haïssait, le lui avait prédit. Peut-être lui a-t-il jeté un sort ?… (L’Ensorcelée.) La vieille Malgaigne, qui a eu jadis des rapports avec le diable, prédit à l’abbé Sombreval qu’il finira dans l’étang de Quesnay… Et, en effet, le prêtre athée, après avoir déterré sa fille dont il a causé involontairement la mort, se précipite dans l’étang avec le cadavre… (le Prêtre marié). — Ryno de Marigny épouse par amour l’idéale et liliale Hermengarde de Polastron, avec le consentement de sa vieille maîtresse, l’Espagnole Vellini. « Va ! lui dit la Vellini : tu me reviendras ! » Et il lui revient, tout en continuant d’aimer Hermengarde. C’est que Ryno et la Vellini ont bu du sang l’un de l’autre ; rien à faire contre cela : c’est un « sort », une « possession » (Une vieille maîtresse). Presque tous les héros de M. d’Aurevilly sont des « ensorcelés ».