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Page:Lemaître - Les Contemporains, sér4, 1897.djvu/67

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Et ce sera là, si vous le voulez bien, sa troisième illusion.

Et voici la quatrième. Elle consiste dans une foi absolue, imperturbable, à la suprématie physique et intellectuelle, à l’esprit, à la beauté, à l’élégance, au « je ne sais quoi » des hommes et des femmes du faubourg Saint-Germain. Le faubourg ! M. d’Aurevilly y croit encore plus que Balzac ! Toutes ses grandes dames et tous ses gentilshommes sont, sans exception, des créatures quasi surhumaines. Il écrit couramment (et je ne sais si vous sentez comme moi ce qu’il y a d’impayable dans l’intonation à la fois hautaine et familière et, pour ainsi dire, dans le « geste » de ces phrases) : « Spirituelles, nobles, du ton le plus faubourg Saint-Germain, mais ce soir-là hardies comme des pages de la maison du roi, quand il y avait une maison du roi et des pages, elles furent d’un étincellement d’esprit, d’un mouvement, d’une verve et d’un brio incomparables. » — « Il fallait qu’il fût trouvé de très bonne compagnie pour ne pas être souvent trouvé de la mauvaise. Mais, quand on en est réellement, vous savez bien qu’on se passe tout, au faubourg Saint-Germain ! » — « Elle était jeune, riche, d’un nom superbe, belle, spirituelle, d’une large intelligence d’artiste, et naturelle avec cela, comme on l’est dans votre monde, quand on l’est !… »

Mais cette illusion se rattache à une autre plus générale et qui a été celle de tous les romantiques.