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Page:Lemaître - Les Contemporains, sér4, 1897.djvu/98

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l’explique pas, il en jouit tout seul. La poésie nouvelle est essentiellement subjective. — Tant mieux pour elle. Mais cette poésie nouvelle n’est alors qu’une sorte d’aphasie. — Il se peut.

Enfin, voici un exemple de poésie proprement symboliste (je ne dis pas symbolique, car la poésie symbolique, on la connaissait déjà, c’était celle que l’on comprenait) :

  Le souvenir avec le crépuscule
  Rougeoie et tremble à l’ardent horizon
  De l’espérance en flamme qui recule
  Et s’agrandit ainsi qu’une cloison
  Mystérieuse, où mainte floraison
  — Dahlia, lis, tulipe et renoncule —
  S’élance autour d’un treillis et circule
  Parmi la maladive exhalaison
  De parfums lourds et chauds, dont le poison
  — Dahlia, lis, tulipe et renoncule, —
  Noyant mes sens, mon âme et ma raison,
  Mêle dans une immense pâmoison
  Le souvenir avec le crépuscule.

Saisissez-vous ? On conçoit qu’il y ait un rapport, une ressemblance entre le souvenir et le crépuscule, entre la mélancolie du couchant, du jour qui se meurt, et la tristesse qu’on éprouve à se rappeler le passé mort. Mais entre le crépuscule et l’espérance ? Comment l’esprit du poète va-t-il de l’un à l’autre ? Sans doute le crépuscule peut figurer le souvenir parce qu’il est triste comme lui ; et il peut (plus difficilement) figurer aussi l’espérance parce qu’il est