fouettées, tordues et tirebouchonnées comme dans un tableau de Jouvenet. Le souvenir de cette Pucelle en spirale et de ces violentes draperies reste encore lié, pour moi, à l’image d’une place nue, balayée par un grand vent d’arrière-automne, et d’où l’on voit, de l’autre côté d’un large fleuve clapotant et froid, deux tours dominant, sous le ciel blême, l’allongement d’une ville toute grise.
Je me suis rappelé toutes ces statues de notre bonne libératrice en voyant, au Salon, la Jeanne d’Arc de Dubois et la Jeanne d’Arc de Frémiet (qui est celle de la place des Pyramides, un peu retouchée). Et j’ai songé à un vers de Hugo sur les deux statuaires du temple de Jérusalem (cela est, je crois, dans la Légende des siècles) :
L’un sculptait l’idéal et l’autre le réel.
Car, sur un vigoureux cheval de ferme, M. Frémiet a mis une fille d’un type populaire et rustique, le front dur et serré, l’air profondément sérieux et convaincu, raide dans son armure et dans sa foi : tout simplement une paysanne de grand cœur, telle qu’a dû être la vraie Jeanne. M. Paul Dubois, lui, a délicatement posé à califourchon, sur un grand diable de cheval trop large pour elle, une fillette de douze ans, une communiante au visage angélique qui, dans sa main trop petite, tient son épée droite comme elle tiendrait un lis. Tel, cet Aymerillot, qui