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Page:Lemaître - Les Contemporains, sér6, 26e mille.djvu/148

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précisément en vers libres, dans une de ses Harmonies :

  Mon âme a l’œil de l’aigle, et mes fortes pensées,
  Au but de leurs désirs volant comme des traits,
  Chaque fois que mon sein respire, plus pressées
      Que les colombes des forêts,
  Montent, montent toujours, par d’autres remplacées,
      Et ne redescendent jamais.
     . . . . . . . . . . . . .

Et de quelle « force », en effet, pleine, soutenue, infatigable, prodigieuse, sont soulevés et lancés des poèmes tels que l’ode Contre la peine de mort, l’Éternité de la nature, la Marseillaise de la paix, le Toast du banquet celtique ; les Laboureurs dans Jocelyn, le Choeur des Cèdres dans la Chute d’un ange, et la Vigne et la Maison !

Et notez que Lamartine n’a pas seulement la force expansive, mais aussi, quand il veut, la force de concentration. Ce flot épandu se ramasse, au besoin, dans un jet rapide et net. Le poète des mélancolies et des langueurs a, dès qu’il lui plaît, des vers « forts », des sentences robustes et concises, à la façon de Corneille ; et c’est alors comme une pluie retentissante de médailles d’airain… Voyez, par exemple, dans les Premières Méditations, une pièce que le poète y ajouta en 1842 : Ressouvenir du lac Léman. Il répond à son ami Huber Saladin qui