Page:Lemaître - Les Contemporains, sér6, 26e mille.djvu/189

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  Vous, que leur sacré deuil, le sang qui les colore,
  Par un plus fort lien y consacrait encore !
  Ah ! que cette amertume ajoute à mon trépas !
  Quoi ! vous, trahir ! Mais non, cela ne se peut pas !

Mais ce qui choque surtout Vinet et M. Deschanel, c’est l’argument suprême auquel le vieux martyr a recours. « Il n’a, disent-ils, nul besoin, pour mourir absous, d’être confessé par Jocelyn et de recevoir de ses mains la communion, ni, par conséquent, de contraindre au sacerdoce le clerc récalcitrant. L’espèce de violence morale qu’il lui fait n’est pas seulement odieuse : elle est inutile, au jugement même de l’orthodoxie catholique. »

Ils ont mal lu. L’évêque ne dit pas à Jocelyn : « Sauvez mon âme, qui serait perdue sans vous », mais : « Accordez à mon âme une dernière consolation. » Nous sommes ici avec des croyants. La communion à l’heure de la mort n’est sans doute pas, aux yeux de l’évêque, une condition indispensable de son salut éternel : mais elle serait pour lui une immense joie ; et, comme ses membres mutilés ne lui permettent pas de se la procurer tout seul, il l’implore de son disciple aimé. Il la lui demande ainsi qu’une sublime aumône. Et (admirez une fois de plus l’harmonie du développement moral de Jocelyn), de même qu’il était entré au séminaire par un acte de charité humaine, c’est par un acte d’humaine charité que le jeune clerc consent à recevoir l’onction sacerdotale.