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Page:Lemaître - Les Contemporains, sér6, 26e mille.djvu/195

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non pas en l’oubliant, mais en le faisant servir à sa sanctification. Cette histoire d’une âme, le poète la résume dans cette image splendide :

  J’ai trouvé quelquefois, parmi les plus beaux arbres
  De ces monts où le bois est dur comme les marbres,
  De grands chênes blessés, mais où les bûcherons,
  Vaincus, avaient laissé leur hache dans les troncs.
  Le chêne, dans son nœud le retenant de force,
  Et recouvrant le fer d’un bourrelet d’écorce,
  Grandissait, élevant vers le ciel, dans son cœur, L’instrument de sa mort, dont il vivait vainqueur.
  C’est ainsi que ce juste élevait dans son âme,
  Comme une hache au cœur, ce souvenir de femme.

Parlerai-je du style de Jocelyn ? Mais qu’aurais-je à vous en dire qui n’ait été dit vingt fois ? C’est un extraordinaire épanchement de paroles rythmées, toujours ample et libre, souvent hasardeux. Il y a des longueurs, des répétitions, des impropriétés, des incorrections, des négligences, des nonchalances. Mais pas une page où n’éclate quelque merveille d’invention verbale. Le ton va du réalisme le plus familier et le plus franc à la plus lyrique sublimité. Par la luxuriance continue, et la surabondance de l’expression, et l’hyperbole volontiers presque enfantine, ce style, plus encore que celui des Harmonies, se rapproche de l’antique poésie hindoue.

Voici, par exemple, des vers, dont je n’ose dire qu’ils sont les plus mauvais du livre, car je les prends au hasard :