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Page:Lemaître - Les Contemporains, sér6, 26e mille.djvu/257

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croyances de Raymon. Ce n’était ni l’Église, ni la monarchie, ni la société, ni la réputation, ni les lois qui lui dictaient son sacrifice et son courage, c’était sa conscience. Dans l’isolement, il avait appris à se connaître lui-même, il s’était fait un ami de son propre cœur. »

Indiana, c’est déjà Norah. Elle s’enfuit de chez le colonel Delmare dans le même sentiment que Norah de chez Helmer. Ce que Norah va chercher, Indiana le rencontre ; Indiana, épousant Ralph en présence de la nature et de Dieu, c’est Norah, après sa fuite, trouvant l’époux de son âme, le choisissant dans sa liberté. — Et Lélia, c’est déjà Hedda Gabler. Elle a un orgueil au moins égal, et le même sentiment pléthorique, si je puis dire, des droits de l’individu. Elle traite Stenio comme Hedda traite Eilert Lovborg. Ce significatif roman est plein des plus délirants cris d’orgueil intellectuel et moral qu’on ait jamais poussés. — Et la Dame de la mer, c’est Jacques, sauf le dénouement. Comme Jacques, Wangel donne à sa femme la permission de suivre un autre homme. L’une en profite, et l’autre non, voilà toute la différence. — Ibsénienne, Marcelle qui, dans le Meunier d’Angibault, renonce à tout, se fait sa religion, épouse un ouvrier après une année d’épreuve. Ibsénien, Trenmor dans Lélia. C’est au bagne, où il était pour un crime de passion, que, forcément seul avec lui-même, il a connu la vérité. « Le secret de la destinée humaine, sans cet