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petit diable sans nom, sans fortune et sans talent !… Grosses outres gonflées de fourberie et d’usure, je saurai tirer de vous quelque chose qui pourra suppléer au remords ! »
Il rougissait d’être un bourgeois payé par des bourgeois : il se souvenait avec amertume de « cet infortuné peuple de ses frères qu’il avait quitté lâchement ». (Je cite beaucoup, car il est très important de bien connaître le point d’où Veuillot est parti.) « Là, continuait-il, j’ai mon père qu’on a usé comme une bête de somme, et ma mère courbée sous le chagrin… Le hasard a voulu qu’un rayon de soleil réchauffât leurs derniers jours. Je pouvais aussi bien n’être qu’un infirme de plus dans le grabat où la faim nous aurait dévorés… Ah ! j’ai fait une action honteuse quand j’ai vendu ma voix aux artisans des misères publiques, à ceux qui vivent des sueurs populaires et ne se soucient pas de remédier aux tortures que leur égoïsme enfante et perpétue ! Allez chez ces manufacturiers dont je suis ici l’organe : vous verrez dans leurs ateliers ce qu’on y fait de la chair humaine. Si mon père pouvait comprendre sa situation, il refuserait le pain dont je le nourris ; mieux vaudrait pour moi n’avoir ajouté qu’un cri de haine, un gémissement à cette plainte éternelle que n’écoutent ni la terre ni les cieux. » Et le petit journaliste ajoutait : « Ces pensées me jettent dans une espèce de délire ». Et ailleurs, pour se débarbouiller des bourgeois, il se retourne vers le peuple, que nul