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Page:Lemaître - Les Contemporains, sér6, 26e mille.djvu/301

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prose, toute pleine de symétries, est rythmée presque toujours, souvent rimée : Amor modum sæpe nescit, sed super omnem modum fervescit… Amor vigilat, et dormiens non dormitat. Fatigatus non lassatur, arctatus non coarctatur, territus non conturbatur

Il était sensible aux beaux paysages, curieux des formes charmantes ou magnifiques de la terre, et il se le reprochait : « Que pouvez-vous voir ailleurs que vous ne voyiez où vous êtes ? Vous avez devant vos yeux le ciel, la terre et tous les éléments. Toutes les choses du monde n’en sont-elles pas composées ?… » C’est sans doute par un coucher de soleil, l’été, à l’heure où, pour parler comme Hugo,

 Une immense bonté tombe du firmament

que, pris d’attendrissement, il écrivait : « Il n’y a point de créature, si petite et si vile qu’elle soit, qui ne représente la bonté de Dieu. » Et peut-être, rassuré par cette pensée, il se permettait pour une fois d’admirer sans scrupule cette nature intempérante, immortifiée, païenne, qui n’est pas cloîtrée, qui n’est pas chaste, qui aime la vie, et qui ne prie pas, sinon dans les vers des poètes.

Il nous plaît aussi par le contraste que fait sa profonde douceur avec l’austérité impitoyable de sa doctrine ; et par le biais dont il accommode à un idéal inhumain son âme très humaine. Ce moine lointain dont la parole est dure et la voix tendre,