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Page:Lemaître - Les Contemporains, sér6, 26e mille.djvu/316

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LA BRUYÈRE

Nous avons, entre plusieurs autres, une très sérieuse raison de l’aimer. Plus purement qu’aucun de ses contemporains, il est « homme de lettres ». Il est, dans sa vie, dans son caractère et dans son esprit, un des types les plus nobles — et les plus précoces — de cette espèce si étrangement mêlée.

Sa personne est d’autant plus attachante qu’on n’a sur elle qu’un petit n’ombre de renseignements, d’ailleurs contradictoires (Boileau, Saint-Simon, l’abbé d’Olivet), et qu’on la devine plus qu’on ne la connaît, aux hardiesses de toute sorte dont son livre abonde : hardiesses atténuées par des restrictions et de certains tours énigmatiques, soit nécessité, soit appréhension secrète des conséquences extrêmes de sa pensée. On ne saurait dire précisément jusqu’où allait sa liberté de jugement, mais on sent qu’elle était grande.

Ce fut un sage mécontent, clairvoyant et enclin à la révolte. Les malveillants diraient : un vieux