Page:Lemaître - Les Contemporains, sér6, 26e mille.djvu/377

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« voir » et à rendre ce qu’il voyait, il n’apprit rien de plus, — heureusement. S’il garda, avec plus de largeur et d’aisance, quelque chose de l’ironie de l’Éducation sentimentale, il fut totalement exempt du romantisme de Flaubert. Il ignora également les « transpositions d’art » des Goncourt, ces rapins malades, et la trépidation nerveuse d’Alphonse Daudet. À l’une des époques où notre littérature fut le plus complexe et nous distilla les boissons les plus travaillées, le génie conteur de Maupassant jaillit comme une source de belle eau merveilleusement claire. Et, sensuel, il restait en quelque manière innocent. Rien de commun entre cette sensualité et celle de M. Émile Zola, si triste, si troublée, si morose, qui est celle d’un moine tenté, qui semble impliquer le sentiment de quelque chose de défendu et la croyance au péché. Maupassant, lui, n’y croyait pas. Cela se sentait, et c’est pourquoi les chastes eux-mêmes lui furent si indulgents.

Tel il fut dans les commencements de son œuvre. Il rappelait, — avec un style plus plastique (car on ne naît pas impunément dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle) — les conteurs d’autrefois et, si vous voulez, cet imperturbable Alain Lesage. Et Bel-Ami semblait une « remise au point », après un siècle et demi, du Paysan parvenu

Puis, l’angoisse vint… La volupté finit toujours, comme on sait, par être grande maîtresse de métaphysique. Le désir est, de sa nature, inassouvis-