Page:Lemaître - Les Contemporains, sér6, 26e mille.djvu/43

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mystère ce qui est mystère. La Trinité en est un, le péché originel en est un, et l’incarnation, et la rédemption, et l’eucharistie, et la grâce. Cela va bien : il y a dans ces dogmes quelque chose à la fois d’inconcevable et de fort émouvant. Mais vous savez qu’en ce siècle raisonneur il s’est trouvé des prêtres ou des philosophes chrétiens, ou d’anciens élèves de l’École polytechnique, pour expliquer couramment ce qui est, par nature, inexplicable. Il y a un pseudo-rationalisme catholique. Que trois soient un ; que Dieu ait été homme ; que du pain et du vin soient Dieu ; que Dieu soit juste et qu’il nous fasse porter la peine d’une faute que nous n’avons pas commise ; que Dieu soit bon et que, prévoyant la damnation de la majorité des hommes, il ait créé l’humanité ; que Dieu soit bon et que l’enfer soit éternel, etc., on a vu des moines éloquents qui donnaient de ces choses des interprétations philosophiques : et cela est étrange, car un mystère que l’on comprendrait ne serait plus un mystère, et on ne rend pas raison de ce qui est au-dessus de la raison. (Tout ce qu’on pourrait faire, ce serait de rechercher la formation historique des dogmes et quels états d’esprit ont pu les engendrer : mais cela est besogne d’incroyants.) Veuillot ne donna pas dans le travers de ces chrétiens qui veulent faire au surnaturel sa part. Il accepte tout, il n’en trouve jamais assez. L’Immaculée Conception, et tous les miracles modernes, et la Salette, et Lourdes, il dévore tout. La liberté que l’Église