Page:Lemaître - Les Contemporains, sér6, 26e mille.djvu/93

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m’aurait traité de simple Galuchet, le prendre à part et lui dire :

— Non, je vous jure, ce ne sont point « mes passions » qui m’ont ravi la foi : je ne leur obéis pas toujours ; et, en tout cas, le prêtre m’absoudrait si j’avais la volonté de mieux vivre. Et ce n’est pas non plus la « superbe de l’esprit ». Sincèrement, je ne me sentirais pas diminué si je croyais ce que Pascal, Racine et Bossuet ont cru. Je suis humble, ou j’y tâche. L’humilité est un sentiment très philosophique : c’est l’acceptation de notre être comme il est, c’est-à-dire nécessairement inférieur et incomplet. Je ne suis pas un « libre penseur », car c’est une grande sottise de s’imaginer que l’on peut penser librement. Et notez bien que vous, je vous comprends, je vous aime, je vous pardonne tout. Et j’aime les saints, les prêtres, les religieuses — non par une affectation de « largeur d’esprit » ou par une espèce de niaise et suffisante coquetterie morale. J’aime réellement presque tout ce que vous défendez, et je le défendrais moi-même à l’occasion. Mais enfin, si je ne puis aller au delà de ce sentiment ?

Vous me direz : « Cherchez la vérité ; instruisez-vous. » Hélas ! tous vos arguments, je les connais ; pendant les six années de catéchisme de persévérance qui ont suivi ma première communion, j’ai entendu réfuter toutes les hérésies, sans compter les schismes. Vous reprendrez : « Alors le mal est