Page:Lemaître - Les Contemporains, sér7, Boivin.djvu/156

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
__________


On dira d’elle ce qu’on voudra : elle a ceci pour elle, qu’étant la plus révolutionnaire des républiques, elle est pourtant l’héritière d’un passé monarchique plus long et plus illustre que celui d’aucune des nations européennes. Fille du peuple, bonne fille quand elle veut, pas imposante, Marianne a de plus vieux meubles, de plus vieux châteaux et de plus vieux parchemins que tous les rois et tous les empereurs du monde. Et ainsi, elle a su faire le plus bel accueil au dernier des autocrates, rien qu’en faisant saluer les trois siècles de la très jeune Russie par quatorze cents ans d’histoire de France.

(Car je ne pense pas qu’on fasse plus de tort à la Russie en la datant d’Ivan le Terrible, qu’à la France en la datant de Clovis.)

C’est Napoléon Ier, invisible et présent sous le porche de l’Arc de Triomphe, qui reçut le czar à l’entrée de la bonne ville. À l’hôtel de la Monnaie, les jetons de la reine Marie-Antoinette l’amusèrent un moment. La Révolution l’accueillit au Panthéon ;