Page:Lemaître - Les Contemporains, sér7, Boivin.djvu/163

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civilisation industrielle, et de cette idée que le chef-d’œuvre de l’homme, ce qu’il y a de plus beau et de meilleur au monde, c’est la foi et la bonté parfaite dans une âme simple.

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Bref, M. Pouvillon aime sa petite bergère ; il aime ses visions ; il aime Notre-Dame de Lourdes. Croit-il en elle ?

Non ; car, le soir même de l’apparition de la Vierge, par une imagination digne de Victor Hugo, il entend converser entre eux les pics pyrénéens. Chaque mont rappelle qu’il eut, lui aussi, sa chapelle miraculeuse et son pèlerinage. Et le Gar, alors, dit au Béout : « Ne t’enorgueillis pas trop… La Vierge t’a visité, prétends-tu ? Telle est ta gloire ? Que serait-elle donc si, comme moi, tu avais été dieu ! Ce fut ainsi pourtant… Seul maintenant, sans honneurs, je survis à ma divinité. Prends garde, ami : la pensée des hommes est changeante. » Et d’autres voix de montagnes s’élèvent : « Nous aussi, nous avons été des dieux. Les anciens hommes avaient voué des autels au dieu Béiséris, au dieu Illumne… » Et M. Pouvillon sait aussi que les miracles sont injustes, puisqu’ils ne guérissent pas tous les malades qui ne sont pas des méchants ; il sait qu’au surplus ni la phtisie ni le cancer n’ont jamais senti la vertu de l’eau miraculeuse ; et il sait encore d’autres choses.