Page:Lemaître - Les Contemporains, sér7, Boivin.djvu/200

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que sublata causa tollitur effectus ; et que cette opération, préservatrice de la maternité, était presque à la mode, au point qu’un humoriste a pu écrire que ce dont elles se débarrassent « ne se porte pas cette année ? »

Or, quelle différence y a-t-il entre cette opération et celles qui tombent sous le coup de la loi, sinon une différence de date ; et qu’est cette manœuvre allégeante, sinon un meurtre en masse, sournois, anticipé, préventif et radical ? — Et que dire même des pratiques prudentes, non point conseillées par cet honnête Malthus, mais suggérées par ses théories, et auxquelles il a eu la malchance de donner son nom : pratiques si atrocement déplaisantes à concevoir, mais qui n’en sont pas moins devenues, chez nous, presque nationales et qu’un vers d’Émile Augier a publiquement absoutes un jour, avec une bonhomie désarmante, sur les planches d’un théâtre subventionné par l’État ?

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Ma conclusion ? Je n’en ai point d’autre que le commandement du Décalogue : « Tu ne tueras point ». Cela est absolu. Il ne faut pas tuer, jamais, sous quelque forme que ce soit. Hic murus aheneus esto. Si l’on se met à subtiliser, à distinguer, pour les absoudre, des meurtres atténués, des dixièmes ou des centièmes de meurtre, on ne sait plus jusqu’où l’on sera conduit. Voltaire répète très souvent, dans