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Page:Lemaître - Les Contemporains, sér7, Boivin.djvu/205

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« malheur » créèrent, en quelque façon, la beauté de ses vers.

Car on sait que la beauté de certains vers dépend beaucoup de la disposition d’âme de ceux qui les lisent.

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Et que de choses, tristes ou réjouissantes selon le biais dont on les prend, nous révèlent les lettres de George Sand — et le journal, si plaisamment tranquille et consciencieux, de son docteur vénitien, prudent comme Ulysse, rougissant comme une jeune fille et « fort comme un cheval ! » Oh ! ce Pagello avec « son beau gilet », si pareil aux robustes gars demi rustiques des romans de cette excellente Lélia… avouez qu’il eût été dommage que cet homme-là ne nous fût pas présenté.

Nous connaissons mieux encore, par ses lettres, le cœur inquiet et hospitalier de George, sa prodigieuse facilité à croire, quand elle aimait, qu’elle aimait uniquement avec son âme (et cela, au fort des démonstrations les plus concrètes) et à se figurer qu’elle souffrait le martyre quand elle n’aimait plus. Nous y voyons (et cela est neuf) que la multiplicité de ses amours vint de ce qu’elle se croyait d’un tempérament froid, et que c’était cette persuasion, un peu humiliante, qui l’incitait à plus d’expériences qu’elle n’eût voulu… Nous y découvrons aussi qu’elle ne commença à aimer Musset « pour de bon »