Page:Lemaître - Les Contemporains, sér7, Boivin.djvu/207

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

peut-être, et la plus profonde, de On ne badine pas avec l’amour a été empruntée textuellement par Alfred à une lettre de George. Car un homme de lettres ne laisse rien perdre. Mais, au fait, de quoi pourrions-nous former la substance de nos livres, sinon de notre vie même, et parfois de la plus secrète ? Il y a forcément de la prostitution dans le métier d’écrivain : prostitution sacrée, si vous voulez, comme celle qui était pratiquée dans les temples de Babylone. Et voilà un enseignement de plus !

      *       *       *       *       *

Je ne vous dirai pas si Musset et Sand ont gagné ou perdu, mais assurément Victor Hugo a beaucoup gagné aux récentes divulgations. Un personnage de Labiche dit à un mari trompé : « Tiens-toi tranquille ; tu as le beau rôle : garde-le ! » Dans ses rapports intimes avec Sainte-Beuve, c’est Victor Hugo qui eut « le beau rôle », il le faut dire sans raillerie. Ses lettres au critique nous montrent que l’énorme poète eut, jusqu’à trente ans, une âme tendre, noble, confiante, parfaitement candide, naturellement héroïque, — sublime. Cela est peut-être une découverte, et qui valait la peine d’être livrée au public.

Et maintenant j’aspire, je l’avoue, aux lettres de Sainte-Beuve. Fut-il l’amant, ou seulement l’amoureux de la femme de son ami ? Et comment cet