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Page:Lemaître - Les Contemporains, sér7, Boivin.djvu/21

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qu’elle avait alors vingt-trois ans, et non pas vingt.

Elle l’aime bien, son Valmore. Mais les rôles sont intervertis dans cette union, puisque c’est lui qui est le plus jeune (de sept ans), le plus faible et le plus beau. Elle parle de lui comme pourrait faire de sa femme un mari d’actrice, j’entends un mari amoureux. « Il est certain, mon bon ange, que je ne te connais pas de rival au théâtre. Ta chère voix a des physionomies aussi mobiles que ton visage, et, quand elle est dans ses bons jours, je sais qu’il y en a peu d’aussi pénétrantes, car ta prononciation est aussi distinguée que celle de Mlle Mars. » Marceline avait cinquante-six ans quand elle envoyait ces lignes à son mari. — Elle lui écrit, le 3 juillet 1846 : « Tu n’es plus là le matin pour me laisser dormir… Dès sept heures, je tends les bras à la Providence et à toi. » Et, le 7 décembre de la même année : « Je t’aime ! à tes pieds ou dans tes bras, je t’aime !… » Elle avait alors soixante ans ; et il est vrai qu’elle venait de perdre une de ses filles. — Elle lui écrit, le 27 décembre 1852 : « Bon jour et amour, cher mari à moi ! » Elle avait alors soixante-six ans, et il en avait donc cinquante-neuf.

Lui, le digne comédien, en imaginait de bonnes pour se rendre intéressant. Il avait eu, ça et là, de courtes et banales liaisons avec des petites camarades. Il s’avisa, un beau jour, d’en éprouver d’affreux remords et de s’en ouvrir à sa femme. Miséricordieusement et, vers la fin, un peu avec le sentiment