Page:Lemaître - Les Contemporains, sér7, Boivin.djvu/355

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Reste, comme j’ai dit, qu’il prenne une moyenne entre les deux Tartuffe… J’aime mieux qu’il s’en charge que moi…

Du temps de Molière, conformément à sa pensée, Tartuffe fut joué en « comique » et même en « valet comique » ; et cette interprétation dura jusqu’au commencement de ce siècle. Régnier s’en plaint dans son Tartuffe des comédiens. Je lui emprunte ces lignes intéressantes : «… Au siècle passé… l’emploi des premiers comiques s’appelait aussi l’emploi des valets, et la garde-robe des acteurs qui tenaient ces sortes de rôles se bornait presque à des habits de livrée. Aussi l’habitude de jouer chaque soir Hector ou Crispin avait rétréci le talent des comédiens, circonscrit leur horizon ; leur unique tâche étant de faire rire, Tartuffe fut joué comme valet, et, peu à peu, ce grand rôle ne fut plus qu’un sournois plaisant et cynique dont les charges et les paillardises égayaient le public.

« Cette grossière interprétation du rôle devint la tradition, et Augé, grand, beau, bien fait, très aisé dans son jeu, au dire d’un contemporain, d’une gaieté un peu basse, naturel et inexact dans son débit, estropiant les vers, Augé s’y conforma en l’exagérant encore. Il a laissé dans le rôle un long souvenir de succès…

« Avec des regards lubriques, des gestes à l’avenant, il forçait Elmire, en plein théâtre, à subir des grossièretés qu’il serait répugnant d’indiquer. Dans