le style des manuels de piété. » Mais veut-on qu’il se démasque tout de suite ? N’est-il pas tout naturel qu’il commence par user du langage qui lui est habituel et qu’on s’attend à rencontrer dans sa bouche ? Ce langage, d’ailleurs, c’est Elmire elle-même qui le lui impose et qui l’y ramène. Tartuffe vient de dire, à propos de son mariage projeté avec Marianne :
Ce n’est pas le bonheur après quoi je soupire ;
Et je vois autre part les merveilleux attraits
De la félicité qui fait tous mes souhaits.
Cela, c’est la langue ordinaire de la galanterie au dix-septième siècle. Mais Elmire :
C’est que vous n’aimez rien des choses de la terre.
Alors, Tartuffe :
Mon sein n’enferme pas un cœur qui soit de pierre.
Sur quoi Elmire, très prudente :
Pour moi, je crois qu’au Ciel tendent tous vos soupirs,
Et que rien ici-bas n’arrête vos désirs.
Elle croit l’embarrasser et se sauver de lui en l’obligeant à ne parler qu’en dévot. C’est donc en dévot qu’il parlera. Heureusement le jargon de la dévotion a plus d’un rapport avec celui de l’amour humain. Les locutions par lesquelles les mystiques