assez souvent part à ces exercices, où triomphait Ondine.
Il la remarqua bien vite ; et un commerce spirituel et littéraire ne tarda pas à s’établir entre eux… Après la mort d’Ondine, en 1833, Sainte-Beuve écrira à la mère : «… C’étaient mes bonnes journées que celles où je m’acheminais vers Chaillot à trois heures et où je la trouvais souriante, prudente et gracieusement confiante. Nous prenions quelque livre latin, qu’elle devinait encore mieux qu’elle ne le comprenait, et elle arrivait comme l’abeille à saisir aussitôt le miel dans le buisson. Elle me rendait cela par quelque poésie anglaise, par quelque pièce légèrement puritaine de William Cowper qu’elle me traduisait, ou mieux par quelque prière d’elle-même et de son pieux album qu’elle me permettait de lire… »
Sainte-Beuve, nous dit l’auteur des Mémoires, était le contraire d’un dandy : il se rapprochait précisément des deux dames Valmore par son peu de respect de la mode et son insouciance de la tenue. La littérature, le latin, la poésie anglaise, un même dédain des « extériorités » (Sainte-Beuve était encore dans la période religieuse de sa vie)… que de raisons de s’entendre ! Un beau jour, il confia à l’excellente Mme Lagut son amour naissant pour Ondine et le projet qu’il avait formé de demander sa main. Mme Valmore et Ondine, pressenties, se montrèrent disposées à accueillir la demande ; et sans doute, peu après, il se déclara à Ondine elle-même, puis-