Page:Lemaître - Les Contemporains, sér7, Boivin.djvu/63

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le mari) ; initiation et communion ; incarnation de l’amour (dans l’enfant) ; alanguissement de l’amour ; rajeunissement de l’amour. »

Michelet propose un idéal, et qui se trouve être, sur la plupart des points, traditionaliste : il est remarquable que, ayant intitulé son livre l’Amour, Michelet n’y parle que de l’amour conjugal. Mais cet idéal n’est que l’achèvement, par l’esprit, des indications fournies par la nature. Je dirais, si je ne craignais la barbarie scolastique des termes, que cette conception de l’amour est toute éclatante d’un « idéalisme naturiste » qui rappelle celui de Rousseau et qui en réalité le continue. C’est cela, je crois, qui est le plus curieux à examiner un peu en détail.

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Personne, je pense, n’accusera Michelet de timidité. Et pourtant la question de l’ « union libre » n’est même pas soulevée par lui. Ou plutôt il ne distingue pas entre l’union libre et le mariage légal : il ne les conçoit l’un et l’autre que « pour la vie. » L’homme et la femme, vus dans le beau de leur instinct, sont essentiellement monogames. La physiologie conseille et veut en quelque façon la monogamie. « La fécondation s’étend bien au delà du présent immédiat ; l’acte générateur ne donne pas un résultat unique, mais il a des effets multiples, durables, et souvent continués longtemps dans l’avenir. » Les enfants de l’amant ressemblent au mari. Les