Page:Lemaître - Les Contemporains, sér7, Boivin.djvu/71

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Mais Michelet, comme j’ai dit, est un naturiste mystique.

Plus il exagère, chez la femme, la part de l’inconscient, de l’involontaire, du fatal, plus il la fait rentrer dans la nature mystérieuse, et plus il croit, par là, la magnifier. Qu’elle pense par à peu près ; qu’elle soit peu apte aux idées générales ; qu’elle n’ait point la notion du juste ; qu’elle ne puisse, toute seule, résister au mal, — vous croyez peut-être que tout cela, mis ensemble, signifie que la femme est inférieure à l’homme ? Grossière imagination ! «… Qui aura le courage de discuter si elle est plus haut ou plus bas que l’homme ? Elle est tous les deux à la fois. Il en est d’elle comme du ciel pour la terre, il est dessous et dessus, tout autour. Nous naquîmes en elle. Nous vivons d’elle. Nous en sommes enveloppés. Nous la respirons, elle est l’atmosphère, l’élément de notre cœur. » C’est presque la formule : In ea movemur et sumus.


Cette adoration s’emporte à des excès singuliers. Devant des planches d’anatomie qui représentent la matrice après l’accouchement, Michelet est pris d’un délire pieux ; il sanglote de pitié, d’admiration et d’extase. Et il conclut : « Ces quelques planches de Gerbe, cet atlas étonnant, unique, est un temple de l’avenir, qui, plus tard, dans un temps meilleur, remplira tous les cœurs de religion. Il faut se mettre à genoux avant d’oser y regarder… Je ne connais