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Page:Lemaître - Les Rois, 1893, éd2.djvu/125

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tremblement de terre,--s’inscrivait au _Figaro_ pour cent mille francs, était chez lui le maître le plus dur, le plus strict, et méticuleux et « regardant » comme une ménagère maniaque.

Non pas qu’il fût avare. Sauf en de rares minutes d’inadvertance où sa juiverie native reparaissait à son insu, il n’aimait pas l’argent pour lui-même, mais pour tout ce qu’il représente, pour la puissance dont il est le signe et l’instrument. Et il ne manquait pas non plus d’une certaine probité. Il avait, pour édifier son énorme fortune, trompé et dépouillé une multitude de malheureux, mais de loin, par des voies indirectes, sans voir leur ruine ni leurs larmes, et, enfin, ses victimes n’avaient qu’à se défier et à se défendre, comme il se défendait, lui, et comme il se déliait. A coup sûr, même au temps de sa misère, il n’aurait jamais consenti, l’occasion s’en fût-elle présentée, à s’approprier « par larcin furtivement fait » le portefeuille d’autrui, car cela, c’eût été vraiment de l’argent mal acquis, étant prélevé sur une personne non avertie, et n’étant point payé par une somme suffisante de travail, d’énergie ou de patience. Mais la banque et l’industrie, c’était la bataille, ce n’était point le vol. Tout cet