elle posait en équilibre une grosse boule dorée et, sur cette boule, sans s’appuyer à rien, elle surgissait debout ; elle s’y tenait sur un seul pied, dans une attitude de déesse qui fend l’espace avec une planète pour piédestal. De là, elle envoyait à la foule ses enfantins baisers d’acrobate. Enfin, ayant tenté et réalisé l’impossible, comme si les lois de la pesanteur, bravées par cette audacieuse enfant, se vengeaient tout à coup et comme si une Némésis jalouse la punissait d’avoir voulu se faire mortelle, un corps impondérable d’Olympienne,--d’une longue chute parabolique, tel un Icare foudroyé, elle tombait dans le filet.
Renaud adora soudain la délicieuse gymnaste, et, bien qu’il se crût à jamais dégoûté des arts de l’écriture et du dessin, il l’adora principalement parce qu’elle lui rappelait une des figures du _Printemps_ de Botticelli et qu’elle ressemblait à celle qui, dans la ronde des trois femmes aux doigts entrelacés, montre son dos délicat et son profil ingénument pensif.
Il vint la revoir plusieurs fois. Il se postait sur son passage quand elle sortait de l’arène. Son angélique sérénité le ravissait.
Un soir, dans les écuries du cirque, il se fit présenter par un clown de ses amis les parents de