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Page:Lemaître - Les Rois, 1893, éd2.djvu/146

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souffrir quelques infractions aux règles de la continence. Mais le travail de Lollia était plus exigeant. L’équilibriste aérienne devait éviter non seulement la grossesse, qui déplace le centre de gravité, mais les courbatures, les chaleurs à la nuque, les douleurs sourdes.

Et Renaud fut content d’apprendre ces choses, de songer que l’art de son amie était, en effet, le plus mystique des arts, puisqu’il n’était qu’une patiente victoire sur la matière et que, par lui, un corps de femme se muait presque au « corps glorieux » dont parlent les théologiens. Et il lui plaisait que le miracle de l’art acrobatique, tout comme le miracle de la sainteté, eût pour première condition la chasteté absolue et que la force qui soulevait de terre Thérèse d’Avila ou la sœur Marie Alacoque fût aussi celle qui soutenait dans les frises la forme adorable de Lollia.

Il chérit l’innocence de la jeune acrobate. Plusieurs fois, il vint manger le macaroni de famille de M. et madame Tosti. Ses conversations avec Lollia étaient d’une puérilité qui le charmait. Elle ne savait rien et elle n’avait point d’esprit. C’était une petite fille qui aimait Dieu et ses bons parents, voilà tout. Elle racontait ce qu’elle avait vu dans ses voyages à travers