Page:Lemaître - Les Rois, 1893, éd2.djvu/184

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— Sais-tu qui les a payés ?

— Ce n’est toujours pas moi : je ne suis pas assez riche.

— C’est toi ! Et c’est toi qui as fait afficher dans la ville les placards que j’ai fait déchirer ce matin, où l’on me dénonçait au peuple comme jouant un double jeu, libéral dans mes déclarations publiques, mais secrètement allié à la réaction… Ne nie pas : j’ai les preuves.

— Quelles preuves ? Des rapports de policiers qui font du zèle ?… Tu me dis tout cela pour te dispenser de me rendre le petit service que je te demandais… Tu as tort, Hermann ; je t’assure que tu as tort.

— Écoute, dit Hermann.

C’était la sonnerie du téléphone dans la pièce voisine. Deux ou trois minutes s’écoulèrent ; les deux princes se taisaient. L’officier d’ordonnance entra et, apercevant Otto, parut hésiter.

— Vous pouvez parler, dit Hermann.

L’homme répéta, du ton uni et impersonnel d’un officier au rapport, la communication qu’il venait de recevoir :

— La manifestation s’est mise en marche vers dix heures et demie. Douze mille hommes environ ;