Page:Lemaître - Les Rois, 1893, éd2.djvu/23

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à cause de son grand âge, soit de résister au mal par la force, soit d’y porter remède par d’apparentes concessions aux « idées nouvelles ». Bref, il n’était plus, pour les uns, qu’un tyran et, pour les autres, qu’un « vieux ».

C’est cela, plus encore que les infirmités et la maladie, qui l’avait décidé à déléguer ses pouvoirs à son fils aîné. Hermann passait pour libéral ; la foule l’aimait et attendait de lui les « réformes » réclamées. Ce fils, dont il ne pouvait s’empêcher d’estimer l’honnêteté et la vertu, avait toujours désolé le roi Christian par l’étrangeté de sa conduite et de ses idées, de celles du moins qu’il laissait pressentir : taciturne, secret, épris de solitude, étranger aux choses militaires, ennemi de tout faste et de tout appareil, mélancolique, toujours dans les livres… Nulle pensée commune entre lui et sa femme, cette fière princesse Wilhelmine, très « vieux régime », archiduchesse dans l’âme énergique et sereine et avec qui le vieux roi se sentait en conformité de principes et de croyances. Si seulement elle avait pu avoir quelque influence sur son mari ! Mais, depuis longtemps, Hermann, enfermé dans ses rêveries, l’avait découragée par sa douceur entêtée et silencieuse. Et c’était à ce fils dont il était si