Page:Lemaître - Les Rois, 1893, éd2.djvu/272

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— Ah ! vous voyez bien que vous pensez quelque chose !

Le vieux garde rougit comme une jeune fille :

— Moi, madame ?

Alors, Frida :

— Vous me reprochiez tout à l’heure de croire toujours le bien. Et moi, je vous dis : « Günther ! Günther ! ne croyez pas le mal ! »

La pureté de son regard et la franchise de son accent témoignaient pour elle. Ce fut du moins l’avis de Günther. Il se rendit compte que ce singulier appel à son jugement et cette justification inattendue étaient le plus grand honneur qu’on lui eût fait dans sa vie de pauvre homme. Très ému, il balbutiait :

— Quoi ! c’est vous qui… à moi… à moi…

Les yeux brouillés et ne sachant plus ce qu’il faisait, il prit l’une des petites mains et la baisa :

— Non, non, madame, je ne le crois plus.

Frida était rayonnante :

— Merci, Günther, dit-elle… Et, maintenant, savez-vous ce que nous allons faire ? Je n’ai pas assez de fleurs pour mettre dans tous les vases, et j’en ai vu de si belles, là-bas, au bord de l’étang… Mais je n’ai pas pu les atteindre.