sa maîtresse, je vous le jure ! Seulement, je l’adore et je mourrais plutôt que de le quitter… Eh bien, s’il m’aimait assez, lui, ou s’il avait son rôle assez en dégoût pour renoncer au pouvoir, au trône, à tout… (je ne suis pas folle, vous verrez !) si je le décidais à tout abandonner, à partir avec moi demain, ce soir… est-ce que je ne mériterais pas votre pardon ? Est-ce que je n’aurais pas bien travaillé pour notre cause ?… Car, enfin, vous l’avez dit, ce n’est pas l’homme que vous haïssez : c’est le prince… Laissez-moi donc tenter cette épreuve et ne me maudissez qu’après.
Il y avait tant d’ardeur et de sincérité dans l’accent de Frida, ses yeux transparents révélaient si bien son âme candide et crucifiée que la vieille femme, un instant attendrie, posa maternellement sa main sur le front de la jeune fille et sur sa chevelure d’or :
— Pauvre petite ! murmura-t-elle.
Puis, redevenue de pierre :
— Soit ; j’attendrai. Mais, si, ayant échoué dans votre entreprise, vous restiez ici, songez, Frida, que vous seriez la plus vile des créatures. Avec le prince ou sans lui, il faut que vous reveniez à nous… Au revoir…