l’assassin, c’était elle. Fallait-il donc supposer chez Frida quelque accès de jalousie meurtrière ? Ou bien Hermann, fatigué de la spiritualité de cette liaison, avait-il voulu faire violence à son amie, et cette étrange fille avait-elle, contre l’homme qu’elle adorait, défendu sa vertu à coups de revolver ?
Le meurtre d’Otto s’expliquait plus aisément. Le roi connaissait les moeurs secrètes de son fils cadet et son goût des basses aventures. Une balle envoyée par un amant de cœur, garçon de ferme ou palefrenier, avait fort bien pu l’abattre au sortir de quelque crapuleux rendez-vous avec la petite-fille du garde-chasse… Donc, nul lien entre les deux assassinats, sinon cette extraordinaire coïncidence de temps et de lieu. Mais, si cette rencontre n’était point l’effet d’une machination humaine, le pieux souverain était tout près d’y reconnaître l’intervention d’une volonté divine dont il adorait les desseins. C’était afin de s’y conformer qu’il gardait pour lui ses suppositions et qu’il maintenait énergiquement l’enquête dans la direction où il l’avait d’abord engagée. Assurément, la Providence avait permis la mort des deux princes pour lui fournir des armes contre les ennemis de la société et pour qu’il pût