— Madame, je suis votre père et votre roi. J’attends que vous vous confessiez.
Domptée, elle dit d’une voix sourde :
— Eh bien, oui, c’est moi qui l’ai tué.
— Ah ! malheureuse ! malheureuse !…
— Oui, malheureuse. Car je l’aimais, et pour lui j’aurais donné mon sang. Je l’avais suivi à Loewenbrunn, malgré lui… Ah ! quelle torture !… Je la sentais, cette fille, tout près… Si elle n’avait été que sa maîtresse, peut-être me serais-je résignée. Je savais quel est communément le sort des reines, qu’il n’y a guère, parmi elles, d’épouses heureuses, et que, trompées, il ne leur est pas permis, comme aux autres femmes, de se plaindre tout haut ni de se venger. Et puis, j’avais tant demandé à Dieu de me délivrer de la jalousie ! Non, en vérité, si Hermann n’avait été que son amant, je crois que, avec la grâce de Dieu, j’aurais souffert sans rien dire… Mais, ici, il y avait autre chose… Pourtant, je ne voulais pas descendre à espionner… Un jour, un inconnu--un émissaire d’Otto sans doute--a remis pour moi un billet anonyme qui me dénonçait le rendez-vous d’Hermann et de mademoiselle de Thalberg et qui m’indiquait le moyen d’arriver jusqu’à eux… J’ai dit à Tauchnitz, un vieux serviteur