Page:Lemaître - Les Rois, 1893, éd2.djvu/48

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— Ce qui veut dire, répliqua-t-il vivement, que, selon vous, je ne le vois pas où il est ?… Oui, je sais d’avance que vous n’approuvez point mes projets et que vous êtes présentement partagée entre la joie de voir la toute-puissance dans mes mains et la terreur de ce que j’en vais faire. Je vous remercie toutefois de vos bonnes paroles.

— Hélas ! dit-elle, je n’ignore pas à quel point elles sont inutiles. Voilà des années que, vivant côte à côte, nous sommes plus séparés que s’il y avait entre nous des mers et des montagnes.

Et, comme il protestait du geste :

— Oh ! la rupture n’a pas été publique. Je ne pourrais même pas dire quel jour elle s’est faite. Ç’a été moins une rupture qu’une sorte de déliement. Je vous sais gré d’ailleurs d’avoir sauvé les apparences… Le prince mon mari (elle eut un triste sourire) continue à se rendre officiellement et à jours fixes dans ma chambre… Mais, là même, je ne suis pour vous que la princesse royale : je ne suis pas votre femme.

A dessein ou par hasard, elle s’était assise sur un pouf, presque aux pieds d’Hermann, la tête penchée en avant, dans une attitude qui développait