Page:Lemaître - Les Rois, 1893, éd2.djvu/65

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pas de quoi payer ses serviteurs ni subvenir aux dépenses les plus nécessaires de sa maison. Quand sa détresse était trop forte, elle avait recours à Hermann, qui lui donnait un peu d’argent, pris sur sa cassette particulière.

— Au moins, dit charitablement Hermann, est-il un peu plus raisonnable ?

— Oh ! oui, oui, répondit-elle vivement. Je n’ai pas eu à me plaindre de lui depuis cette affaire.

« Cette affaire », c’était la grossesse subitement découverte d’une des demoiselles d’honneur de la princesse Gertrude : la jeune fille saisie en plein bal d’un malaise révélateur, dégrafée à la hâte dans une embrasure de fenêtre et, après une longue syncope, racontant à sa maîtresse, parmi des sanglots désespérés, que son séducteur était le prince Otto. On avait étouffé l’affaire comme on avait pu, renvoyé la jeune personne dans sa famille et indemnisé d’une place lucrative son infortuné père, gentilhomme pauvre, mais de bonne race.

Gertrude avait pardonné. Elle aimait son mari.

— Il n’est pas méchant, je vous assure. Il n’