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nostalgie

Elle a le bercement infini des murmures
Et les feuillages fins dissous dans l’air léger.
Elle a les gazons frais sous les molles ramures
Et les coins attirants où l’on vient pour songer.

Elle a dans ses couleurs, dans ses lignes fuyantes,
Des indécisions qui caressent les yeux ;
Et j’aime à lui prêter des pitiés conscientes.
Et je me ressouviens du jour de nos adieux.

Je sentais bien, là-bas, que je vis de sa vie
Et que je suis né d’elle, et qu’elle me comprend.
C’est une volupté que cette duperie.
J’ai trop souffert, ici, du ciel indifférent.

Et je veux vous revoir, ô ciel changeant et tendre.
Coteaux herbeux, petits ruisseaux, coins familiers.
Saules, je vous désire ! et je veux vous entendre.
Chuchotements plaintifs des tremblants peupliers.

Alger, juin 1880.