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les médaillons

Des Sages indiens les symboles,
Guider l'Oaristys dans les frais sentiers verts...
Mais, sitôt que je veux la traduire en paroles,
L’idée en fuite échappe à l’étreinte des vers.

Ma langue balbutie, inégale à mes rêves,
Et jamais leur beauté n’aura fleuri qu’en moi.
Mon objet est trop haut pour mes forces trop brèves,
Et le souffle me manque, et peut-être la foi.

Pourquoi, par plus d’effort, trahir plus d’impuissance ?
Mon poème m’écrase, à peine commencé.
Puis mon rêve est sans doute une réminiscence ;
D’autres ont déjà dit tout ce que j’ai pensé...

Donc, je veux oublier cet intime poète
Si vague et si caché que seul, hélas ! j’y crois ;
Et, ce labeur usant ma souffrance inquiète,
Je lime des sonnets ingénieux et froids.