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une méprise

Ces yeux, où l’ombre et la lumière
Cohabitent étrangement,
Sont comme le charbon de terre
Où dort, épars, le diamant.

Ces yeux sont noirs comme l’Érèbe,
Noirs comme les sphinx accroupis
Faits de marbre noir, qui, dans Thèbe,
Gardaient le seuil sacré d’Apis.

Ces yeux, que je vois d’une lieue.
Sont aussi noirs, en vérité,
Que la barbe de Barbe-Bleue,
Que la tombe, que le Léthé…

Mais une chose me rassure
Et berce encor mes désespoirs :
C’est que j’ai vu, je vous le jure,
Une âme blanche en ces yeux noirs.